vendredi, septembre 24, 2010
Théano déculotte Shahrzad aux échecs.
Shahrzad nous a tous éclaboussé de sa beauté provocante pendant le
repas.
Pourtant c'est la silencieuse Théano qui a fait sensation, avec
toujours cette extrême modestie qui la caractérise.
Nous étions tous prévenus de son don de calculatrice prodige.
Mais ce que nous avons vu dépasse tout entendement.
Shahrzad voulait "voir", toucher ce don étrange.
Elle a pu se rendre compte qu'elle était en face d'un abîme
insondable.
Elle a voulu apprendre à Théano à jouer aux échecs.
Je ne sais pas grand chose de ce jeu de stratégie, mais j'ai pu voir
combien Shahrzad excellait.
Mais très vite, la Princesse de Baghdad s'est trouvée face à un
mystère.
Sans rien savoir de ce jeu non plus, Théano a très vite commencé à
battre Shahrzad.
La différence était hallucinante.
L'une devait réfléchir, prenait du temps, se creusait les méninges,
tandis que l'autre semblait jouer sans réfléchir, instantanément.
Sauf que c'était toujours un coup qui déstabilisait chaque fois
Shahrzad un peu plus.
Cette dernière n'a pas pu gagner une seule partie face à cette
débutante de Théano qui semblait presque s'excuser.
Alors j'ai tenté une autre expérience, juste pour que Shahrzad
se rende bien compte.
J'ai proposé à Théano de lui bander les yeux.
Je déplacerais les pièces suivant ses instructions.
Théano n'avait pas trop envie.
Elle déteste les numéros de cirque, mais elle a finalement accepté.
Sans voir le jeux, sauf celui qu'elle avait dans sa tête, elle
répondait encore de façon instantanée devant la pauvre Shahrzad qui
devait elle réfléchir parfois longuement pour perdre finalement.
Une fois le bandeau ôté, Théano a dit:
-Le plus dur n'est pas de jouer un coup, mais d'attendre entre chaque
coup. Voilà, vous vouliez vous rendre compte, c'est fait. Mais de
grâce, comprenez bien que je n'ai aucun mérite, je ne fais aucun
effort, je "vois" immédiatement le coup le moins mauvais possible à
jouer, rien d'autre.
-Bon, si allions prendre un verre les filles, et nous détendre un peu
en écoutant quelque belle musique, ai-je dit.
L'étalage de vos dons m'a donné grande soif.
(C) Ivano Ghirardini 4 mars 2009