vendredi, septembre 24, 2010
Le cas étrange Théano
Dès le berceau, Théano était impossible à vivre ! Elle ne pleurait
pas, elle hurlait ! Sans doute son anomalie cérébrale qui donnera
cette calculatrice prodige plus tard. Là ou Enstein ne dira pas un mot
jusqu'à 6 ans, Théano elle ne fera que chercher la bagarre, y compris
contre les adultes, pendant la même période. Un rien lui faisait
piquer des crises. Son père, illustre magistrat, qui était aussi un
original, se doutait bien que sa fille avait un problème au cerveau,
alors que faire, si ce n'est essayer de communiquer sans recevoir un
gobelet à la figure.
-ah tu aimes la bagarre, ma fille chérie, et bien tu vas l'avoir. Je
t'envoie à Sparte à qui tu appartiens. Tu vas être servie!
Effectivement, elle fut placé sous tutelle avec le plus impitoyable
précepteur de Laconie, et ce, non pas pour une éducation avec les
autres filles, non, directement avec les garçons, sans aucun
traitement de faveur. Dès la première semaine d'entrainement
militaire, elle avait à peine plus de - ans, elle avait déjà reçu au
moins deux cent coup de fouet et elle ne pouvait plus ni s'assoir, ni
dormir sur le dos. Mais chose étonnante, cette vie incroyablement
dure, sans être violente, sans blesser de façon irrémédiable, lui
convenait parfaitement. D'avoir mal aux fesses lui évitait d'avoir mal
à la tête.
Elle grandissait en force, en sagesse je sais pas, ses crises de
céphalées pouvaient la terrasser parfois, mais sinon, cette vie lui
plaisait. Elle adorait la lutte, nue, contre les garçons, le corps
frotté d'huile pour ne pas donner prises, et elle était très forte car
souple et insaisissable. Mais bon, elle ne pouvait égaler les
meilleurs des futurs hoplites, il ne fallait pas rêver.
Son père se tenait au courant. Parfois elle rentrait pour de longs
séjours à Cortone, mais elle était impatiente de retourner à Sparte ou
finalement elle s'amusait bien, à chaparder la nourriture pour
survivre, à coucher à la dure, à marcher, marcher et marcher encore
dans les montagnes autour.
-Il faudrait que tu penses à te marier maintenant, lui dit son père
dans un bref message.
Oh ce n'est pas les prétendants qui manquaient pour une jeune femme
aussi jolie et de souche royale en plus, mais aucun ne lui plaisait.
-Ils sont tous idiots, répondit-elle à son père.
-Épouse un philosophe ! En espérant qu'il puisse te supporter sans
vouloir divorcer au bout de trois jours. Telle fut la réponse du
paternel.
Théano savait lire, écrire, compter n'en parlons pas, mais on lui
avait appris le minimum du minimum. Danser, chanter, se battre, cela
oui, elle savait très bien faire. Pour le reste, on pouvait être sûr
qu'elle aurait de très beaux enfants.
-Je veux pour époux Pythagore, le plus illustre de tous!
Comment et pourquoi elle avait dit cela? Elle l'ignorait elle même.
Mais elle savait qu'il était son mari, que leurs âmes étaient liées et
qu'il serait le seul homme qu'elle connaitrait dans cette vie.
Mystère. Elle le savait, sans savoir pourquoi elle le savait.
Le père de Théano ne prit pas cela pour une excentricité de plus de sa
fille qu'il adorait plus que tout, mais bien comme une chose fort
sérieuse. C'est lui qui fit venir Pythagore, l'illustre philosophe de
Samos à Cortone et lui offrit sa fille et une dot considérable pour
créer son école sur les plus beaux terrains de la ville, sur le
promontoire, face à la mer.
Ce fut l'amour fou, passionné, explosif, volcanique, de braises
permanentes entre cet homme déjà âgé mais encore très vert et cette
très jeune femme si belle, exclusive, totale, excessive en tout et
pour tout.
Alors pourquoi ce drame terrible à la fin? Vous comprenez mon envie de
percer ce mystère.
Ce n'est qu'après son mariage que le don de Théano, comme calculatrice
prodige est apparu au grand dam de ceux qui dans la secte des
pythagoriciens avaient un peu trop de certitudes.
Jusque là, entre la très stricte éducation militaire à Sparte, les
enfants et la vie de famille ensuite, elle n'avait pas le temps de
philosopher ou de s'instruire.
Mais voilà, elle était la femme du plus illustre philosophe de
l'époque et donc elle écoutait.
Cela plaisait à Pythagore d'avoir une jeune femme si belle, si saine
et qui...parlait très peu. C'était pratique et agréable, jusqu'au jour
ou le don de Théano est devenu manifeste.
Ils parlaient mathématiques, construisaient des figures géométriques,
des proportions, ...
Théano écoutait chaque fois qu'elle pouvait et ne disait rien.
Elle se rendait compte qu'elle pouvait voir les solutions directement,
sans rien calculer et sans même savoir si ses solutions étaient
justes. Alors elle gardait cela pour elle.
Puis comme les philosophes, les savants, les élèves des cours de
Pythagore confirmaient par la suite la justesse de ses "visions" de
solutions exactes, elle fut de plus en plus intriguée.
Elle en parla 'abord à son père:
-Se peut-il que les dieux m'aient fait un tour? Voici que tous les
problèmes mathématiques qui tracassent les élèves de l'école de mon
époux n'en sont pas du tout pour moi, je vois les solutions et c'est
toujours juste ensuite, lorsqu'il corrigent. Quel est donc ce mystère.
-Il se peut qu'effectivement les Dieux t'aient fait un don. Pour
l'instant n'en parle à personne et garde cela pour toi. Nous aviserons
ensuite. Simplement, nous allons vérifier cela avec les marchands
phéniciens qui sont les rois des bouliers pour compter. Mais faisons
cela dans le plus grand secret. Il faut toujours se méfier des dons
des Dieux. Ils peuvent apporter plus de malheurs que de bonheur
parfois. Telle fut la réponse du père.
Théano suit le conseil de son père, mais elle n'attend pas le prochain
navire des marchands phéniciens. Elle connait un vieux juif qui se
sert d'un boulier et d'autres appareils étranges pour compter, ou bien
qui pose cela sur des feuilles de papyrus. C'est chez lui qu'elle
achète ses étoffes. ils se connaissent depuis longtemps. Elle sait
qu'elle peut lui faire confiance.
dès le lendemain de son entrevue avec son père, elle se rend à la
boutique du vieux juif et lui achète une belle coupe de tissus fins
d'egypte, et elle complique à souhait les coupes, juste pour obliger
le juif à calculer. Puis elle se moque:
-Quoi mon brave, vous ne savez pas combien cela fait en surface? Vous
avez besoin de poser cela. Voici le résultat. et elle donne un chiffre
en disant: verifiez, verifiez, vous verrez bien....
le vieux juif, pose les calculs, vérifie, vérifie encore et il est
médusé. Théano a bien donné le résultat exact.
-Vous l'aviez calculé d'avance avec l'aide de votre mari pour me
blaguer.
-Non, pas du tout. Voulez vous jouer au calcul avec moi? Mais
uniquement si vous me promettez de n'en parler à personne.
Au bout d'une heure le vieux marchand juif était devenu plus blanc que
ses plus immaculées étoffes. Jamais il n'avait vu cela, ni même pensé
que tel prodige pouvait exister.
-mais comment faites vous pour calculer si vite, pour donner un
résultat toujours exact, sans aucun effort?
-je n'en sais rien, mon brave. j'ai découvert que je voyais les
solutions et qu'elles étaient justes. Mais gardez bien cela pour vous.
j'ignore d'où vient ce don ou ce maléfice.
-oui, ce sera un secret entre nous. Vous avez raison, il faut toujours
rester prudents face à des choses qui dépassent l'entendement.
-oui, mais je voudrais vérifier et connaitre les limites de ce don.
Pouvez vous m'aider? Nous pourrions jouer aux calculs ensemble, juste
pour voir ce qu'il en est de mes capacités réelles.
-Ce sera avec plaisir, mais il faut faire cela au calme, pas dans ma
boutique ou nous serions dérangés.
-Chez moi alors, quand il vous plaira. Mon époux est très occupé avec
son école, vous savez. Nous pourrons vérifier ce qu'il en est vraiment
dans le plus grand calme.
Les jours ont passé. Ils ont vérifié. Ils n'ont pas trouvé de limites
aux dons de Théano, pour la raison simple qu'elle ne calculait rien.
Elle voyait les chiffres se former seuls dans sa tête et elle n'avait
qu'à les énoncer au fur et à mesure qu'ils apparaissaient. Et c'était
toujours juste. Mais elle fatiguait vite. Ce qui en apparence ne lui
demandait aucun effort pouvait l'épuiser.
-a utiliser avec modération en conclut le vieux marchand juif. Surtout
ne cherchez pas à trop vous servir de cela, des fois que cela ne vous
dévore la tête de l'intérieur.
-Mais non, mon brave, juste à ne pas en faire étalage pour des choses
inutiles, comme des exercices de foire par exemple. Pour le reste, je
ne vois aucun risques, sauf le mystère qui se cache derrière les
mathématiques.
-Ces choses là viennent directement de Dieu. Nos mathématiques
humaines ne sont que des pales efforts pour essayer de comprendre et
transcrire dans nos langages ce qui vient directement de Dieu.
-Je crois plutôt que je dois avoir quelque anomalie dans la tête qui
fait que j'ai accès directement non pas à votre Dieu, mais à des
visions de nombres.
-Et voyez vous autre choses que des nombres, des résultats justes?
-oui, mais n'en parlons pas pour l'instant. puis je toujours compter
sur vous?
-Je suis votre plus fidèle serviteur désormais, déclara le vieux
marchand juif.
C'est ainsi qu'il devint le premier "disciple" de Théano. Que des
choses secrètes qui allaient se répandre doucement sous le manteau.
Les mois passent. Un cours parallèle à celui de l'école de l'illustre
Pythagore se développe en secret dans la maison de sa femme. C'est
totalement différent, plus simple, plus intime , comme une petite
réunion d'amis, autour de quelques boissons et gâteaux et qui
papotent. Mais les bruits vont vite et l'on vient de très loin pour
prendre des cours très privés chez Théano. Ce sont les plus riches
marchands, ceux qui font commerce partout qui sont les plus
intéressés. Sauf que Théano est plus que très sélective et ne reçois
que ceux qu'elle veut bien recevoir.
Et puis un jour, à l'improviste, un fin sourire amusé sur les lèvres,
voici que l'illustre Pythagore arrive.
-Puis je avoir des petits gâteaux moi aussi, dit il en riant ?
-Ah vous savez! Depuis longtemps?
-Hélas, avant même que vous ne deveniez ma femme, je savais et je vous
connaissais déjà. Hélas.
-Mais pourquoi donc ce Hélas? répond Théano un peu surprise.
-Hélas, hélas, hélas, mais plus que cela je ne peux le dire ici.
Allons, continuez vos explications, cela a l'air fort intéressant.
Puis je me joindre à vous?
-Bien sûr, n'est ce pas votre maison? Que voulez vous boire? Mettez
vous donc à votre aise.
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Et oui, Pythagore connaissait bien Théano avant même de l'avoir vue,
avant même que son père ne le contacte pour lui parler de mariage de
sa fille. Les voyageurs en esprit ne savent-ils pas tous ou presque
faire cela?
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Le soir venu, ils se retrouvent dans le lit et Pythagore se confie à
elle:
-D'ici trois cycle de lunes, je vais quitter, moi et mes disciples,
sauf toi, cette vie. Tu sens cette violence et cette haine qui monte
autour de nous depuis des années?
-Oui, je la sens très fort, cela me coupe même le souffle parfois.
Mais je n'en suis pas inquiète. A Sparte j'ai appris à accepter les
revers du sort et à ne jamais me plaindre ou avoir peur, quoi qu'il
puisse arriver.
-Espérons que ce crétin de Cylon saura au moins allumer l'incendie
correctement.
-Vous allez mourir par le feu?
-Oui, cela libèrera nos âmes et pour moi, je pourrais rentrer chez
moi.
-Tu n'es pas chez toi ici?
-Non, tu le sais bien, je ne suis pas de ce monde, mais toi oui, c'est
pour cela que tu dois continuer à vivre. Prend bien soin des enfants,
ils sont magnifiques.
-Mais pourquoi une mort violente? Les Dieux ne pourraient-ils pas vous
accorder une fin paisible après avoir tant fait pour les autres?
-Non, il ne plait pas aux Dieux qu'il en soit ainsi. Ce monde a été
laissé volontairement sous l'emprise des forces diaboliques. Pour
l'instant, ton esprit est ouvert aux nombres. Mais après ma mort, je
viendrais vers toi et j'ouvrirai ton esprit. Alors tu verras aussi les
démons. Ils sont forts habiles et si redoutables. Sous peu, tu verras
des choses qui vont te glacer le sang.
Puis Pythagore rajoute:
-Les démons ne peuvent rien contre moi et mes disciples, sauf deux qui
vont eux aussi rester en vie un temps de plus, juste pour faire de la
dissimulation et tromper tout le monde sur la réalité de nos
enseignements. Rares sont ceux qui dans les générations futures
sauront exactement ce que nous avons fait et enseigné ici, dans cette
ville superbe.
-Que dois je faire après ton départ, demande Théano?
-Quitte la ville et part vivre dans ta maison de campagne, au pied de
la montagne et reste y tranquille. Ne donne plus de cours comme tu le
fais en ce moment. Refait ta vie avec un autre homme si tu le
souhaites. sois libre et heureuse.
Théano rêveuse:
-Il m'est arrivé des choses étranges depuis que je donne ces cours. Je
reçois la visite d'entités que je suis la seule à voir. Ils assistent,
ils écoutent, ils sont forts intéressés par ce que je leur montrer et
ne sont vraiment pas dérangeants. Dois je cesser de le recevoir?
-Voilà, tu y viens. Eux non, bien au contraire. Essaie de les aider
comme tu peux. Ils viennent de te demander conseils car ils savent
l'étendue de ta science et de tes mérites. Ce sont les seuls que tu
devras accepter. Mais nous allons finir cela en beauté. Pendant ce
trois cycles de lune qui me reste à accomplir, tu vas venir enseigner
ouvertement dans notre école. L'accès sera libre à tous ceux qui
voudront t'écouter. Mais une heure par jour pas plus et ce sera déjà
beaucoup vu la complexité de ce que tu enseignes.
-J'aime beaucoup ces visiteurs en esprits. Certains sont très
amusants. Ils comprennent souvent très vite et savent voir les choses
cachées derrière les théories. Ils ont toujours des associations
d'idées étranges qui me font rebondir sur des choses que je ne voyais
ou ne cherchais pas. Oui, je les aime beaucoup. D'où viennent-ils? Ils
sont si différents de nous?
-Ils peuvent venir d'autres mondes, comme moi, mais aussi d'autres
temps, passés ou futurs. Il leur faut un temps d'adaptation toujours.
-peuvent-ils être démoniaques, demande Théano?
-Bien sûr qu'ils peuvent l'être et même bien pire que les autres,
c'est pour cela que je vais venir après ma mort pour t'ouvrir les yeux
sur ces choses là. Ensuite tu les verras toi aussi comme je les vois
en ce moment. Ils seront fous de rages mais ils ne pourront plus rien
contre toi. Les voir te protègera.
-Tiens, il me semble que Cylon tient une réunion ce soir. Il complote.
Je ne sais, je sens cela. Je ressens plus de haine et de violence
encore contre nous.
-Oui, ils complotent et laissons les faire leur travail. En espérant
qu'ils le fassent bien, ce sont de parfaits idiots.
-Mais après ta mort, ils vont tous te regretter. Ils ne croiront pas
avoir fait une chose pareille. Ils nieront tous.
-Oui, tu vois juste. Et les deux disciples que j'ai envoyé en voyage
pour qu'ils ne périssent pas feront le reste. Ils répandront le voile
des substitutions.
-Je ne comprend pas pourquoi vous prenez toujours autant de
précautions pour dissimuler la nature réelle de vos enseignements.
-Ne vous inquiétez pas ma chère épouse. Dès que vous verrez les démons
comme je les vois et comme je vous les ferais voir bientôt en
soufflant sur votre esprit, vous comprendrez très vite.
Nous sommes trois jours seulement avant la destruction complète de la
secte de Pythagore. Un des évènements les plus dramatique de
l'histoire de l'humanité.
Théano et son époux sont sur la plage en contre bas du promontoire,
ils marchent et se parlent. La nuit tombe doucement. Les lampes
s'allument dans leur ville. Les premières étoiles apparaissent....
Ca y est, vous êtes, vous les voyez?
Théano porte une longue robe de Lin, et toujours ses chaussures de
cuir avec des lanières sur ses fines chevilles. cette femme est si
incroyablement belle, si saine, si simple....
Ils se parlent, se touchent, se parlent encore.
-C'est plus de vingt années de bonheur parfait que je viens de vivre
avec toi, vingt années d'extase permanente même. Merci de m'avoir
offert cela, dit Pythagore. Tu vois cette étoile là, près de cet autre
groupe de quatre, c'est par là que je serais dans quelque temps.
Regarde dans cette direction quand tu voudra me parler. Il te reste
encore tant de longues années à vivre dans cette vie, tant de choses à
découvrir, tant d'amour à donner.
-Il est des choses que je ne comprends pas encore. Cylon, je n'en
ferais qu'une bouchée à la bagarre, que ce soit au poing ou au glaive,
j'aurais vite fait de le débiter en pâtée pour chien. Tu sais que j'ai
gardé de Sparte le besoin de m'exercer tous les jours. Alors je ne
comprend pas pourquoi vous ne voulez plus lutter.
-Parce qu'il doit en être ainsi. Si tu tues Cylon, tu ne lui donnes que
la première mort. Si c'est lui qui me tue de façon criminelle, alors
je lui donne la deuxième mort. Mais comme les démons l'aveuglent, il
n'en sait rien et n'en saura rien jusqu'à son trépas.
-Non, je ne comprend pas cela. C'est contraire à l'éducation que j'ai
reçue. A Sparte, un bon ennemi est un ennemi mort, pas l'inverse. Mais
je fais l'idiote. Je perçois ce que tu veux dire mais ne l'accepte pas
pour l'instant, voilà tout....et puis qui vous assure que vous allez
bien partir là bas, vers cette étoile? Les descriptions de l'enfer par
Homère ou Orphée sont terribles.
-Oui, c'est toujours un risque, mais le pire risque que j'ai pris,
c'est bien de venir dans ce monde, dans ce corps, dans cette vie. La
naissance fait oublier la mémoire de ce que nous sommes vraiment. Et
les démons guettent pour nous faire chuter ou régresser à la moindre
faiblesse.
-Oui, cela je peux le concevoir dit Théano, mais pourquoi savais je,
avant même de t'avoir vu, que tu étais mon mari?
-Ce qui acceptent d'aller dans les mondes obscurs, dans les mondes en
gestation pour les aider, reçoivent toujours en retour deux types
d'aides indispensables. La première, c'est celle des Dieux et de leurs
anges, toujours dévoués. Il suffit de se tourner vers eux et de
demander de l'aide en cas de besoin, ils répondent toujours.
-Et la deuxième? demande Théano.
-Hé bien c'est des âmes comme toi et les disciples qui viennent nous
aider dans les mondes ou nous intervenons. Vous êtes les plus loyaux,
les plus extraordinaires de nos soutiens. Sans vous nous ne pourrions
rien faire.
-Je ne sais pas. Tout m'a semblé si naturel, si simple. Je t'aime et
je ne me suis posée aucune question autour de cela.
-Tu es faites, je parle de ton âme pour servir. Tu dois rester sur
cette terre jusqu'à la fin. C'est ton monde. Et tu seras encore auprès
d'envoyés comme moi pour les aider jusqu'à l'accomplissement final. Tu
est de celles qui doivent rester jusqu'à la dernière heure. Tu ne
trouveras ta récompense que tout à la fin. Et chaque naissance
t'obligera à tout recommencer. Mais les Dieux vont t'économiser. Ils
ne te feront renaitre que chaque fois que ce sera nécessaire. Ils
t'enverrons aussi des anges pour t'éviter de chuter et...bien des
épreuves pour t'endurcir encore et encore.
-Je t'aime, je ne veux pas te quitter, dit Théano.
-Tu aimeras aussi d'autres messagers et tu seras leur plus intime
confidente. Ils auront tous tant besoin de toi comme moi aussi j'ai
besoin de toi, surtout en cette heure terrible qui se rapproche. Tu
assisteras toujours les messagers lors de leurs départs, souvent dans
une violence et une haine inouie, comme celle qui gronde et que tu
perçois en ce moment. Tu es une militaire. Considère cela comme un
acte de soldat. Rien d'autre. Ne t'attache pas. A Sparte ils t'ont
appris cela.
-Oui, oui, je sais. Mais c'est dur et cela fait mal quand même. Je
sais combattre ce mal, le maitriser, mais l'enlever, cela je ne peux.
(c textes) Ivano Ghirardini , séquences imaginaires écrites, sorties d'un jet du 15 au 17 novembre 2008.
Ce ne sont que des séquences imaginaires, rien d'autre.