vendredi, septembre 24, 2010

Tarouk, le djinn le plus fou à l'ouest de Bagdad


Ce matin, Shahrzad, la sublime Shahrzad est venue me retrouver. J'étais encore au lit, en train de boire le café et de fumer ma pipe. Du tabac fort, pas de la moquette, je précise. Elle était joyeuse.
-Allons debout, venez avec moi, je vous vous faire connaître un Djinn bien étrange.

Je ne dis jamais non à Shahrzad. Elle peut tout me demander. Quelle chance d'être schizo et d'avoir pu par ce biais la rencontrer.

Nous voilà partis. Je dort encore accroché aux hanches de la Princesse. Le voyage en tapis volant est une merveille. Shahrzad m'a apporté des petits gâteaux chipés dans les cuisines de son palais. J'ai posé ma tête sur son épaule. Elle sent si bon. Je regarde la grande bleue, les cotes découpées d'Afrique, les sables du désert. Voilà, nous arrivons. Nous nous posons près d'un amas de gros rochers rouges dans le lieu le plus inhospitalier qui se puisse imaginer. Seuls des scorpions peuvent vivre ici. Mais Shahrzad est heureuse. elle me prend par la main.

-Allons, venez, venez. Il a commencé à parler.

Oui, Tarouk le Djinn le plus fou à l'ouest de Bagdad est bien là, solitaire, hirsute, dépenaillé. Un prophète fou qui prêche aux pierres arides. Il croit sans doute que ce sont des hommes.

-Ils vous a été dit: "aimez vous les uns les autres", n'en faites rien. Moi je vous dit: fuyez l'amour, ce n'est que source de malheurs.
Heureux serez vous lorsque vous fuirez la fille à la jambe légère.
heureux serez vous lorsque vous fuirez les effusions et les empressements.
Heureux serez vous loin de tous les attachements.

L'amour ne fera de vous que des idiots, des esclaves, des chiens serviles, des malheureux en souffrance.

Si vous voulez trouver le Royaume des Cieux, fuyez l'amour source de tant de déchéances, de misères.

Tarouk ne s'arrêtait plus. Nous n'étions que deux à l'écouter. Shahrzad serrait ma main et semblait pleine de compassion pour ce Djinn fou.

-Allons, venez, je vais vous ramener chez vous. Il est inutile de rester plus longtemps. il parle ainsi jour et nuit et personne ne peut le faire cesser. Les Dieux l'ont voulu ainsi. Ils l'ont juste condamné à prêcher dans le désert aux pierres. Allez savoir pourquoi?

J'aimais bien ce Tarouk aussi je ne répondis pas à Shahrzad, si belle en ce matin radieux.