mercredi, avril 06, 2011

Aliénus

Jack Finney, j'ai aimé son livre sur les Body Snatchers.

par Ivano Ghirardini, mardi 5 avril 2011


En 1956, Don Siegel adapte le classique de l’écrivain Jack Finney L’Invasion des Profanateurs de Sépultures (Invasion of the Body Snatchers) où une petite ville des Etats-Unis se fait coloniser de l’intérieur par une étrange race d’extraterrestres. Ceux-ci se présentent d’abord comme des cosses, des graines végétales géantes, qui éclosent en s’appropriant l’apparence de leurs victimes pendant leur sommeil. Dénués de toute émotion, les doubles placent de nouvelles cosses chez leurs voisins et l’invasion acquiert ainsi une rapidité alarmante. Décelant des anormalités dans le comportement de son entourage, le héros découvrira la nature du complot bien trop tard et c’est une ville entière qui sera à sa poursuite lorsqu’il essaiera de s’enfuir pour avertir le reste du monde. Certains ont vu dans Invasion of the Body Snatchers une critique du Maccarthysme mais le film s’inscrit davantage dans une démarche patriotique paranoïaque. Comme les Communistes, les extraterrestres sont désormais parmi nous et menacent à nouveau l’American Way of Life en refusant de tondre leur pelouse et d’entretenir la chaussée, bref, de participer à l’effort national.

Remplacez "les extraterrestres" par "les schizos" et vous aurez tout compris de ce bouquin extraordinaire !

Avis aux amateurs de SF : attention chef d'œuvre ! Et d'autant plus jouissif qu'il ne s'agit nullement d'un gros, d'un grand film tourné d'avance pour la postérité, mais d'une série B emballée sans faire de manières en 15 jours ! À ce niveau de concision, d'efficacité aussi bien dans la dramaturgie que dans les implications morales et politiques du sujet, pas de doute, c'est du grand art !

Miles Bennell, médecin à Santa Mira, près de Los Angeles, constate que les habitants de cette petite ville sans histoires se transforment en êtres dénués de toute émotion… Peu à peu, et malgré son incrédulité de départ, il découvre que des créatures non-humaines ou extra-terrestres s'emparent pendant la nuit du corps de ses concitoyens…

Jack Finney décrit très bien la psychose normopathique face à l'univers schizo, c'est de cela qu'il s'agit, selon mon modeste avis. Bien sûr c'est une interprétation parmi tant d'autres. Le propre d'une œuvre remarquable, c'est justement d'ouvrir la porte à un nombre incroyable d'interprétations possibles. J'ai donc essayé de d'apporter la mienne, il semble qu'elle soit originale.

Jack Finney est un normopathe (une personne normale en langage schizo, soit 99% de la population), il connait un ou une schizo dans son entourage, il a pu l'observer, il en a été marqué. Une nuit, il fait un mauvais rêve, il est devenu lui aussi schizo, il n'a plus d'émotions, il est un "autre".

Une petite ville des Etats-Unis se fait coloniser de l’intérieur par une étrange race d’extraterrestres. Ceux-ci se présentent d’abord comme des cosses, des graines végétales géantes, qui éclosent en s’appropriant l’apparence de leurs victimes pendant leur sommeil.

L'idée lui vient de cet ouvrage extraordinaire, une sorte de psychose. Son héros, Miles Bennell, est un normopathe qui tout à coup se rend compte qu'il vit entouré de schizos (en fait une projection des délires de Jack Finney à leur sujet) de plus en plus nombreux. En général, ce sont les schizos, ultra minoritaires qui sont sujet à ce genre de psychose. Inverser les rôles, une idée de génie, surtout en maquillant cela sous forme d'extraterrestres qui veulent coloniser la terre. Intuitivement, il a compris que le rapport schizos, normopathes, est une lutte entre espèces, dans un monde de "fous".

C'est ouvrage est extraordinaire, j'ai adoré, cela se lit d'une seule traite, la fin est un peu tirée par les cheveux, mais bon, c'est le début qui est intéressant, la montée de la psychose, oui, c'est vraiment très prenant. Et dès le début se pose la question de l'autre, de l'aliénus, de l'étranger.

(je continuerais un autre jour, j'ai plein de questions, comme d'hab...rires). Cool, des fois je me pose des questions. J'ai adoré cet univers psychose où tout à coup l'autre n'est plus l'autre, l'autre que l'on connait ou croit connaitre. Trop amusant comme schéma de départ.

Ivano