vendredi, juin 03, 2011

Voici la mort du ciel...

Bonjour mes si adorables Ami(e)s, un arc en ciel en forme d'arc triomphal au dessus des montagnes du Col de Lus la Croix Haute, un arc en forme de symbole, comme un sourire, un arc de paix et de douceur, un arc entre soleil et pluies. Voyons ce que disent nos poètes de France au sujet de ces signes dans les cieux, laissons nous guider par le plaisir des mots, des visions, des émotions célestes.

Théodore Agrippa d' AUBIGNÉ (1552-1630)


Voici la mort du ciel...

Voici la mort du ciel en l'effort douloureux
Qui lui noircit la bouche et fait saigner les yeux.
Le ciel gémit d'ahan, tous ses nerfs se retirent,
Ses poumons près à près sans relâche respirent.
Le soleil vêt de noir le bel or de ses feux,
Le bel oeil de ce monde est privé de ses yeux ;
L'âme de tant de fleurs n'est plus épanouie,
Il n'y a plus de vie au principe de vie :
Et, comme un corps humain est tout mort terrassé
Dès que du moindre coup au coeur il est blessé,
Ainsi faut que le monde et meure et se confonde
Dès la moindre blessure au soleil, coeur du monde.
La lune perd l'argent de son teint clair et blanc,
La lune tourne en haut son visage de sang ;
Toute étoile se meurt : les prophètes fidèles
Du destin vont souffrir éclipses éternelles.
Tout se cache de peur : le feu s'enfuit dans l'air,
L'air en l'eau, l'eau en terre ; au funèbre mêler
Tout beau perd sa couleur.


Paul VERLAINE (1844-1896)


Le ciel est, par-dessus le toit,
Si bleu, si calme !
Un arbre, par-dessus le toit,
Berce sa palme.

La cloche, dans le ciel qu'on voit,
Doucement tinte.
Un oiseau sur l'arbre qu'on voit
Chante sa plainte.

Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là
Simple et tranquille.
Cette paisible rumeur-là
Vient de la ville.

Qu'as-tu fait, ô toi que voilà
Pleurant sans cesse,
Dis, qu'as-tu fait, toi que voilà,
De ta jeunesse ?


Gérard de NERVAL (1808-1855)

Avril

Déjà les beaux jours, - la poussière,
Un ciel d'azur et de lumière,
Les murs enflammés, les longs soirs ; -
Et rien de vert : - à peine encore
Un reflet rougeâtre décore
Les grands arbres aux rameaux noirs !

Ce beau temps me pèse et m'ennuie.
- Ce n'est qu'après des jours de pluie
Que doit surgir, en un tableau,
Le printemps verdissant et rose,
Comme une nymphe fraîche éclose
Qui, souriante, sort de l'eau.


Voici mes si adorables Ami(e)s quelques mots de nos si charmants poètes de France, des mots pour nous interpeller sans cesse et nous dire:
-hé toi, oui, hé toi le passant, que fais tu donc de ta vie si courte, si précieuse?

Oui, qu'en faisons nous de nos vies, de ce cadeau incroyable. Nous ne sommes que des arcs en ciel sur la surface des jours, des images, des illusions, oui, mais nous avons ce bien plus précieux que la vie même, la conscience!

Bisous, bisous, sous les soleils et les frimas de juin rebelle.
Ivano