vendredi, septembre 24, 2010

Tarouk, le Djinn le plus fou à l'ouest de Bagdad, troisième voyage.

Shahrzad est encore venue ce matin. J'adore, elle vient comme cela, pouf, sans prévenir, comme si elle était chez elle. Oui, elle est bien chez elle et chacune de ses visites est un véritablement ravissement pour moi. Je l'adore, c'est trop faible, non, je suis dans la plus extrême de toutes les admirations devant une femme aussi, comment dire...bon, c'est le matin et je ne trouve pas les mots. En italien? comment inventer un mot pour elle? Più bellissima che bellissima, straordinarissima, non so...

Nous avons bu le café ensemble. Comme d'habitude elle m'avait apporté de ces petites pâtisseries qu'elle venait juste de chiper dans les cuisines de son palais de Bagdad. Humm j'adore cela aussi. délicieux. Nous avons papoté et puis elle m'a expliqué le but de sa visite.

-J'ai noté votre grand intérêt pour Tarouk. J'ai cherché et je crois avoir trouvé le moyen de l'aider. Voici ce que nous allons faire, ce que vous allez faire en fait, je suis là pour vous apprendre à utiliser vos dons. Je resterais cachée. Tarouk ne doit pas me voir. Mais il faut nous exercer avant. Allons, debout, mon cher, je vais vous montrer.

Shahrzad m'a expliqué tout en détail, mais je devais être mal reveillé, je ne suis pas certain d'avoir tout compris. Cette Newton au féminin me surprendra toujours. je me demande où elle va chercher toutes ses idées.

Nous nous sommes mis en route. Le voyage en tapis volant c'est ce que je préfère dans nos aventures. Je n'ai rien à faire. C'est Shahrzad qui pilote et comme je suis en confiance totale avec elle, j'en profite pour regarder les paysages toujours sublimes que nous survolons. J'aime beaucoup aussi le tunnel qui permet de franchir les espaces et les temps...

Tarouk est bien toujours là, aussi fou que d'habitude, en train de prêcher aux pierres arides comme si c'était des hommes. Oui, j'aime bien ce Tarouk et sa philosophie du non amour. les véritables originaux sont si rares. Je ne sais pas si nous devrions essayer de le soigner. Il est en souffrance, c'est sur, cela se voit dans la rigidité de ses yeux. Je vais essayer de faire ce que m'a expliqué Shahrzad en essayant de ne rien oublier. Elle observe dissimulée par des rochers. Tarouk ne peut pas la voir d'où il est. Elle joue le rôle de souffleur et me fait des gestes. Bon, bon, ok, ok, je vais essayer, je vais essayer...

Je m'assoie face à Tarouk qui ne me voit même pas, il débite ses logorrhées comme si je n'existais pas. De mon doigt je commence à écrire sur le sable devant lui, de gauche à droite. En fait j'écris à l'envers, de façon à ce qu'il puisse lire, dans une langue fort ancienne qui s'écrit de droite à gauche. Shahrzad m'a expliqué, mais je ne dois pas révéler ici ce que j'écris.

C'est un pacte, un puissant exorcisme! Et cela marche. Tarouk s'approche et regarde ce que j'ai écrit. Il s'éloigne comme pris de stupeur. ses yeux redeviennent mobiles. Au moment où il va me regarder, je me cache derrière un grand livre ouvert que je tend vers lui. C'est un cadeau de Shahrzad à Tarouk.

le Djinn s'empare du livre. il ne me voit plus, il est trop absorbé par ce qu'il voit dans ce livre.

Nous en profitons avec Shahrzad pour nous éclipser. Il faudra revenir dans trois fois sept jours pour voir si cet exorcisme a fonctionné.

Shahrzad me ramène chez moi. Au dessus de la Méditerranée j'ai vu un petit ilot de rochers, nous devions être à coté de Lampedusa. Personne. Nous nous sommes posés et nous en avons profité pour nous baigner et faire du naturisme. Un dauphin est venu nous saluer. Trop coule la vie avec Shahrzad.

(C) Ivano Ghirardini 22 mai 2010